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Interview d'ancien collégien: Erwan Le Bec

Journaliste à 24 heures

- Quels souvenirs conservez-vous de votre scolarité à Payerne et avez-vous une anecdote particulière que vous voudriez bien partager ?

Un peu comme tout le monde j’imagine. On est toujours très heureux de quitter l’école pour pouvoir enfin faire autre chose – le château, la Promenade ou Derrière-la-Tour, qu’importe, puis on se rend vite compte que c’était des années uniques. Et que finalement, transpirer sur de la trigonométrie ce n’était pas si douloureux que ça. Je me souviens surtout de tout ce qui se passait autour de la classe proprement dite : les courses d’orientation (j’ai bien cru un jour que tout le monde disparaîtrait dans le brouillard du bois de Boulex), quelques séances de cinéma, la vente de la St-Martin et le camp de dernière année. Pour aller à Noirmoutier il a fallu prendre toutes les Départementales de France dans un bus bridé à 80 km/h. On aurait mieux fait d’y aller à pied.

- Quel parcours de formation avez-vous suivi pour devenir journaliste ?

C’est une profession dans laquelle on tombe souvent par hasard. J’ai fait l’Université de Lausanne en Archéologie, et j’ai commencé à y écrire pour le Journal des étudiants de Lausanne, histoire de me changer un peu les idées en dehors des cours. A la fin, j’y passais plus de temps qu’à la bibliothèque. On n’écrit pas pour soi-même, mais pour les autres, c’est ça qui est prenant. Petit à petit j’ai commencé à proposer des articles dans d’autres journaux, et j’ai été pris à 24 heures. Aujourd’hui j’y termine ce qu’on appelle le «Stage RP», une période de formation entre la rédaction et le Centre de formation des médias à Lausanne.

- Auriez-vous un conseil à donner pour ceux et celles qui aimeraient faire ce métier ?

C’est difficile, dans la mesure où il n’y a pas de profil type. Le seul point commun entre les plumes, les trognes et les journalistes qui composent chaque jour la presse romande, c’est une certaine idée du service aux lecteurs et de la proximité avec les gens. Le "virus" de l’actualité ou de l’écriture passe après. Il faut aimer écrire, lire beaucoup, savoir changer rapidement de rythme. Mais il faut surtout apprécier le changement. Je crois que c’est le seul métier qui permette de poser une question à un conseiller fédéral le matin et de faire un article l’après-midi sur la problématique des tortues de Floride dans la plaine de l’Orbe ou faire un reportage dans un champ de maïs boueux le soir. Il faut savoir s’adapter, aimer écrire bien sûr, et surtout être capable de changer de chaussures.

- Aujourd’hui, qu’est-ce que vous faites ?

Je travaille à la rédaction d’Yverdon, à deux pas du château. C’est un poste de localier, qui consiste à rendre au plus près l’actualité du nord du canton. Il y a les impondérables, comme les Conseils communaux, les manifestations régulières ou les Faits divers : nos lecteurs ont le droit de savoir quelles décisions vont les concerner ou ce qui s’est passé hier, à deux pas de chez eux. Il y a surtout la possibilité de dénicher soi-même des informations, des perspectives ou des choses passées inaperçues. Même avec le déchaînement d’actualités en continu qu’on trouve aujourd’hui sur Internet, ce métier permet encore de prendre du recul, de réfléchir à ce qui se passe et d’aller en reportage dans un champ de maïs. C’est précieux. On n’est jamais omniscients, mais la presse joue un rôle crucial à tous les échelons. Et ce sentir utile, c’est incroyablement grisant.

- Quels sont vos projets professionnels pour l’avenir ?

C’est difficile à dire. Nous sommes dans une période où les journaux se remodèlent et se repensent sans cesse. L’actualité va aussi plus vite. On "twitte" depuis les bancs du Conseil communal de Chavornay, on raconte de plus en plus souvent en temps réel. Mais la version papier des journaux reste, et on est toujours un maillon indispensable de l’information. Le temps où on pouvait distinguer facilement le journalisme local du reste de la presse est révolu. Ce métier se transforme. C’est moins ronronnant que les cours de trigonométrie à l’école de Payerne, mais c’est captivant à vivre.